Nécroman et magie noire à la capitale :
Depuis deux ans déjà, Gaëlyr Main d'Acier, le mage de guerre du Roi de Hauteroche Grégori prodiguait ses conseils et son enseignement à son souverain, tentant de réfréner ses pulsions guerrières, n'hésitant pas à lui dire la vérité de front lorsque la situation l'exigeait.
Deux longues années loin de sa maison. Aujourd'hui il repartait dans ce qui fut sa maison et son domaine. Alors qu'il préparait ses affaires pour le voyage qui l'attendait, il s'arrêta pour contempler la ville de Daguefilante qu'il pouvait voir toute entière depuis la fenêtre de sa cellule. Les toits recouverts d'ardoise bleue, les colonnades du temple des divins et son imposant clocher, la mer qui scintillait à l'horizon sous les feux du soleil levant, les mâtures des bateaux qui seules ressortaient à cette distance.
Mais il pouvait presque sentir le remugle des égouts et les bruits qui troublaient la quiétude de ce début de matinée.
"Une belle ville. Il est presque dommage de la quitter. Peut-être un jour recouvrera-t-elle tout son éclat..." Dit-il dans un murmure.
Il boucla son sac et rabattit sa capuche dissimulant son visage à la face du monde. Un instant plus tard, il était dans les écuries du château et sellait son cheval. Il lui fallut une semaine d'une intense chevauchée pour rejoindre son château. Si la capitale entrait à peine dans l'automne, les premières neiges éclaircissaient déjà la lande au sortir de la forêt.
Son épée battait sur sa cuisse alors que son cheval ralentissait. Aux abords de sa forteresse, les champs à nue offrait un panorama pittoresque, mais surtout fort agréable pour qui avait grandi avec ce paysage. Sur la place du village, ses gens qui avaient l'habitude de le voir comme cela le saluèrent à la manière simple mais chaleureuse des Hommes du Nord.
Lorsqu'il passa le parvis, en dessous de l'arche brisée qui abritait les portes de chênes massif, il pût voir sa mère, ainsi que ses gens, le forgeron, le chambellan et le Clerc, son ancien précepteur, tous réunis pour l'accueillir en sa maison et fêter son retour.
- Mon fils ; dit-elle ; enfin te revoilà." Un larme perla sur sa joue.
- Oui, mère, mais je ne resterai pas longtemps, mon séjour ne durera que le temps de prendre un peu de repos et de régler les affaires courantes de mon domaine. Intendant, annoncez que demain dès l'aube je recevrai quiconque désire me voir et s'entretenir avec moi d'une demande le concernant.
- Ce sera fait, mon seigneur. Autre chose ?
Gaëlyr eut un instant de réflexion puis répondit qu'il désirait voir les jugements qui avaient étés rendus en son absence.
L'intendant acquiesça et s'en alla.
Lorsque cela fut fini, il s'en alla avec sa mère pour se nettoyer de la poussière du voyage. Ses ablutions terminées, il se rendit dans la salle du banquet pour souper avec sa mère et les quelques familles vassales qui lui était attaché, il n'y eut point de fête, car ces régions austères et reculées n'avait ni l'habitude ni l'envie des fastes des opulents seigneurs qui garnissaient Tamriel ces temps ci.
Lorsqu'il eut terminé, il se retira dans un salon orienté vers le nord-est, d'où il pouvait contempler les Landes, forêts et montagnes qui faisaient son maigre domaine, mais un domaine qui lui suffisait amplement.
Il s'éloigna des fenêtres en ogives pour s'installer dans un fauteuil qui faisait face au feu.
Il examina la tapisserie rouge et or un instant, puis les flammes accrochèrent de nouveau son regard. Les buches craquaient dans l'âtre, des étincelles volèrent dans la cheminée. Le son des buches qui se consumaient doucement et la chaleur qui s'en dégageait eurent raison de lui et il s'assoupit ainsi.
À son réveil, le soleil ne s'était pas encore montrée. Gaëlyr descendit aux cuisines pour prendre une miche de pain ainsi que quelques fruits de la viande et un peu de cervoise.
En haut des remparts, il partagea ses victuailles avec les gardes qui étaient de service. Peu de temps après, il s'entraîna avec son maître d'arme, vieux mais toujours aussi bon combattant.
Une fois cela fait, il se rendit dans la Grande Salle, un nom bien ronflant mais qui était de mise car c'était la plus grande de la forteresse. Toute la matinée, il entendit les doléances de ses villageois, il entendit également les commerçants et les quelques mages qu'il avait pu faire venir. Ceux-ci lui demandent surtout des livres, pour l'éducation des jeunes enfants qui disposaient de quelque prédisposition à la magie. Ceux qu'il possédait, il les prêta, ceux qu'il n'avait pas il promit de les faire venir.
Pareillement, il vit les trois professeurs de la seule école de la bourgade et leur accorda ce dont ils avaient besoin.
Les doléances prirent fin aux alentours des douze heures. Il prit alors son repas avec sa mère et l'intendant et leur demanda de partager avec lui tout ce que l'on ne pouvait mettre dans un message.
Il mena cette vie une semaine durant, s'entraînant au combat et à la magie lorsqu'il le pouvait, se promenant sur son domaine lorsqu'il en avait le cœur. Le reste du temps, il éplucha les comptes et les rapports que sa mère, son intendant et les divers groupes de la bourgade avaient préparés à son intention. À dire vrai, il n'en était pas beaucoup car une si petite communauté, sept cents âmes à peine, ne demandait que peu de choses chose et les troubles étaient rares.
De plus, les nouvelles étaient satisfaisantes, une dizaine de jeunes hommes avaient pu êtres envoyés dans les académies des villes et au moins autant recevaient des leçons de magie ici même. Grâce aux efforts de ces mages et du château, les décès n'étaient pas nombreux et on avait signalés cinq naissances le dernier été et autant en hiver sans qu'un seul ne mourut.
Cependant, il fut bien vite enlevé à cela.
En effet, cette semaine écoulé, il reçut une missive de son roi qui lui ordonnait de se rendre sans délai à la capitale. Bien qu'il y répugnait, le ton du message l'incita à faire usage de son sort de téléportation.
Lorsqu'il arriva, il se dirigea aussitôt là où il savait trouver son roi.
Avant même qu'il soit entrée dans la salle du conseil, il entendit tonner.
- Comment cela est il possible chuchoteur ?!! Le roi Farid et Lenclume furent toujours nos plus fidèles alliés, lorsque le nord se détourna de nous, ils restèrent à nos côtés, lorsque l'empire se morcela et que le culte du vers siégea dans la ville impériale, ils étaient là et ce sont encore eux qui nous soutinrent lorsque les daedra vinrent en Tamriel et que L'Empire et Bordeciel nous laissèrent tomber !" vocifera-t-il.
Gaëlyr ouvrit grand les portes et les referma. Ce qui mouvement inattendu retint l'attention de tout les membres du conseil. Ses yeux firent lentement le tour de l'assemblé avant de revenir sur le roi.
- Sir, je vous ai dit cent fois de ne pas vous laisser vous emporter de cette façon.
Avant qu'il ne se laisse aller à un nouvel éclat de colère, Gaëlyr prit la parole. Je mande le pardon de sa majesté, je revient juste de mon séjour dans les montagnes et ne suis pas informé de la situation, si l'on pouvait m'en faire part, je vous en saurait gré.
Le sénéchal allait pour répondre mais c'est le roi qui suppléa à sa demande.
- De foutus traîtres, voilà ce qui se passe !
- Des espions de Lenclume ?
- Précisément, tout du moins c'est ce que prétend ce fieffé incapable !
Gaëlyr resta songeur un instant puis reporta son attention sur le maître espion.
- Si ce n'était que cela, il n'y aurait pas tant d'émules à leur propos, ils font partie des règles du jeu de la politique. Quels éléments sont arrivés à vos oreilles maître, des rumeurs de complot visant le roi Grégori ?
- Oui, mais pas seulement. Nos informateurs les plus fiables nous ont indiqué un entrepôt abandonné où de sinistres individus se réuniraient le soir, on parle de gens partis puis revenus différents, changés et ce dans toutes les grandes villes de Hauteroche. Tout nous porte au croire au un complot de grande envergure. Lorsque les gardes ont fait une descente dans ledit entrepôt, celui-ci été vidé, mais il avait été quitté en grande précipitation, ce qui conforte l'idée selon laquelle ils sont entrés au palais.
- Vous dites vrai, tout cela est inquiétant... Et comment les avez vous relié à Farid ?
- Attention messire, rien ne nous permet d'affirmer que c'est le roi Farid qui les a envoyés, nous pensons seulement qu'ils viennent de Lenclume, mais ...
- ... Mais comme à Lenclume, seul le roi possède des moyens suffisants et un quelconque intérêt à le faire, c'est lui que vous soupçonnez. Termina Gaëlyr.
Le maître des espions opina et tous se tinrent cois, attendant l'explosion de rage qui n'aurait su tarder.
- Mon roi " dit soudain Gaëlyr " permettez moi d'enquêter en personne auprès du roi Farid, nos deux royaumes ont toujours étés fidèles l'un à l'autre comme vous le rappeliez à l'instant, nous ne pouvons prendre le risque d'une action inconsidérée.
- Je suis bien d'accord, approuva le maitre espion.
- Et moi de même votre majesté, ajouta son général des armées. Assurément une guerre contre les rougegardes seraient longues et à l'issue incertaine.
- Coûteuse également, mon roi, rappela le trésorier, nous saurions sans peine la soutenir, mais je doute que les guildes et les familles marchandes apprécient, s'ils ne la pensent pas légitime.
La voie était ouverte pour que tous y aillent de leurs commentaires et de leur approbation.
- Cela suffit ! J'ai compris, vous approuvez tous, ne prenons pas de décisions inconsidéré ... Il souffla bruyamment avant de reprendre. Bien, Gaëlyr, nous prétexterons une attaque d'orques près de la frontière de Lenclume, ça n'est pas exactement un mensonge et tout comme moi Farid n'aime pas ces barbares à la peau verte, cela devrait lui convenir comme motif de votre visite.
- Majesté, je me vois contraint de refuser cela, bien que je vous fidèle, je n'ai jamais approuvé votre conduite à leur endroit, ils sont avant tout ce que nous avons fait d'eux, c'est à nous qu'ils doivent cette haine des Brétons et ...
- Cesse ! Je connais ton opinion sur le sujet... Très bien, tête de pioche comme je te connais tu n'accepteras jamais, alors que propose tu ?
- Je crois me souvenir que l'ancien chef de la Garde du Phénix avait commencé des tractations avec le roi de Lenclume pour un échange culturel et scientifique entre nos deux nations au nom du roi d'alors, votre père. Je n'en connais pas le détail, mais je pense que nous pourrions utiliser ces anciennes tractations comme prétexte. Proposons au Roi de reprendre les négociations que nous avions entamés. Cela nous serait sûrement profitable, bien plus qu'une guerre, qu'elle soit avec les rougegardes ou les orsimers.
Le Roi médita ses paroles quelques instants puis d'un mouvement de tête mécontent il approuva.
- Je suppose que vous avez raison Gaëlyr. Faites donc cela, je vous adjoint Thyronir, en tant que second représentant de la couronne, ainsi que Thrilstir, de la guilde des marchands de Daguefilante. Ils représenteront les intérêts non "culturels" de la couronne et de Hauteroche.
- Très bien sir, je demanderais également aux savants que mon prédécesseur avait appelés pour cet office. Sur ce, je vais me retirer dans mes quartiers pour préparer mon voyage, si vous le permettez.
Le roi Grégori approuva de un signe de la tête.
Gaëlyr dut attendre prés d'une semaine que le collège des sages accepte d'envoyer ses deux émissaires et pour qu'ils arrivent à Refuge, d'où la mission partait.
Première partie du JDR pour l'accession au rang de mage de guerre et châtelain, Necroman et magie noire à la capitale.